La marque France Coll. Libres opinions

La mondialisation est le grand enjeu actuel pour la France, et en même temps la grande peur d'une partie de nos concitoyens, qui hésitent entre le refus de l'évidence et la tentation de se contenter, face au tsunami qui se dirige vers nous, d'élever des barrières de paille et de prononcer des formules incantatoires, illusion que la magie du verbe chère à notre culture saura empêcher l'inéluctable. Si le déni du réel face à cette vague conduit à la catastrophe, on peut à l'inverse chercher à en tirer profit – surfer sur elle pour accélérer notre développement. Pour ce faire, la première étape est d'opérer une révolution non point jacobine mais copernicienne : assumer le fait que la France n'est plus le centre du monde, comme elle le fut peut-être au XVIIe siècle, mais un simple acteur de cet univers qu'est notre planète. Cela implique de remplacer la question « qu'est-ce que nous, Français, pensons être la France ? », base du débat récent et confus sur « l'identité nationale », par la question opposée « que pensent les autres de notre pays ? ». Ce serait la reconnaissance du fait que, dans le contexte de la mondialisation, un pays est un ensemble soumis à la perception du reste du monde, et que la France ne déroge pas à la règle, au grand dam des partisans de « l'exception française ». Cette situation est similaire à celle d'une entreprise face à son environnement (clients, concurrents, banquiers, etc.), et a conduit au développement d'un outil marketing puissant, la stratégie de marque, dont l'objectif est double : comprendre comment l'entreprise est perçue et trouver comment influencer cette perception dans le sens recherché. À ce stade, il est bon de noter qu'un des pionniers du sujet est un Français – Jean-Noël Kapferer, co-auteur dès 1984 d'un article fondateur de cette démarche, où le concept de marque est étendu bien au-delà du simple nom donné à un produit.