Le mépris des « bêtes » Un lexique de la ségrégation animale
Langue : Français
Comment les animaux non humains sont-ils représentés dans notre langage quotidien ? Cet ouvrage expose les mécanismes de ségrégation qui opposent humains et non-humains en regroupant ces derniers dans la catégorie négative des « animaux » ou des « bêtes », en leur refusant un visage, une personnalité, des sentiments, la possibilité de raisonner ou de vouloir. Il examine ensuite comment notre langue dévalorise les non-humains par les connotations péjoratives attachées aux termes qui leur sont associés. De nombreuses métaphores et expressions présentent les autres animaux comme des êtres essentiellement stupides, malfaisants, sales et obscènes ( « un porc », « un caractère de chien » ). D'autres mécanismes enfin permettent d'euphémiser, voire de nier les violences physiques dont ils sont victimes. Face à cette « misothérie » , ou mépris des animaux non-humains, incorporée dans notre langage, le sens critique et la rationalité restent nos meilleures ressources pour que cessent ces violences symboliques.
Préface .................................................................... 7 Introduction ............................................................ 9 Chapitre premier. Dispositifs linguistiques d'opposition entre les humains et les autres animaux .............................................. 15 La catégorie des « animaux » et des « bêtes » ... 16 L'affirmation du non-être ............................. 16 Un statut de non-ayant droit ....................... 21 Un obstacle épistémologique ........................ 24 Un obstacle à l'empathie .............................. 27 L'abstraction de l'« animal » ........................ 29 Les « bêtes » ne sont pas des personnes ............ 32 Les « bêtes » n'ont pas de visage ...................... 39 Les femmes accouchent et les autres femelles mettent bas ................................................... 48 Les « bêtes » sont dépourvues de plaisir sexuel ........................................................... 52 Les « bêtes » ont des sentiments « par analogie » ou métaphoriquement .................................. 58 Les « bêtes » sont dépourvues de raison et de volonté ................................................ 63 Des mécanismes de ségrégation arbitraires ........ 68 Émotions, cognition et volition .................... 70 La notion de personne appliquée aux animaux non humains ................................................. 82 Chapitre 2. Dévalorisation : les « bêtes » sont stupides, méchantes, sans individualité, sales et obscènes ..................................................... 89 Connotations de animal, bête et humain .......... 90 Les « bêtes » sont bêtes ..................................... 93 Les « bêtes » comme métaphores pour des humains exploités .......................... 97 Les « bêtes » sont physiquement déplaisantes ... 99 Les « bêtes » sont sales et obscènes ................... 101 Les « bêtes » sont malfaisantes .......................... 106 Les « bêtes » sont intrinsèquement sans valeur et méprisables ............................................... 108 Les « bêtes » sont privées d'individualité .......... 112 Chapitre 3. Euphémisations et dénis ...................... 117 L'euphémisation de la mise à mort ................... 118 L'abattage ..................................................... 118 Prélèvement, gestion des collections et euthanasie ................................................. 122 L'euphémisation des pratiques d'élevage ........... 125 Le bien-être animal ...................................... 126 L'euphémisation des pratiques de boucherie ..... 130 La survalorisation de la viande et la dévalorisation des aliments d'origine végétale ......................................................... 133 L'euphémisation de la consommation de chair animale : le flexitarisme ................. 138 Chapitre 4. Pour une évolution de notre langage .. 141 Le lexique du français est foncièrement misothère ...................................................... 141 La misothérie de notre lexique ne peut être justifiée rationnellement ............................... 142 Notre lexique rend nos paroles implicitement misothères .................................................... 145 La misothérie de notre langage légitime l'oppression des non-humains ...................... 150 Changements conjoints de langage et de comportement ..................................... 153 Suggestions d'actions ......................................... 157 Lieux communs, métaphores, comparaisons misothères .................................................... 157 Euphémisation et banalisation des conditions de vie et de mort des non-humains .............. 159 Les catégories « bête » et « animal » au sens de « non-humain » ....................................... 161 Un usage rationnellement étendu de termes habituellement réservés aux humains ........... 162 Des animaux non humains aussi sont des personnes ............................................... 163 Pour conclure ......................................................... 167 Remerciements ........................................................ 171
Biologiste, ancienne élève de l'École normale supérieure, Marie-Claude Marsolier, chercheure du CEA, travaille au Muséum national d'histoire naturelle. Dans le domaine de la linguistique, elle a publié en 2015 Ich liebe dich/I love thee : grammaire et lexique de l'allemand comparés à ceux de l'anglais (CreateSpace).
Date de parution : 09-2020
Ouvrage de 208 p.
12.5x18.9 cm
Thèmes de Le mépris des « bêtes » :
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