Shenzhou, les chinois dans l'espace Naissance d'une grande puissance spatiale Coll. ESPRIT DU TEMPS

Le 19 novembre 1999 à 22h30 TU, le lanceur spatial chinois CZ2F illumina le cosmodrome de Jiuquan emportant à son sommet le vaisseau spatial Shenzhou-1 et un mannequin comme seul équipage. Des milliers de privilégiés avaient bravé le froid pour assister à ce décollage historique salué par un grand feu d’artifice. La Chine, c’est sûr, allait atteindre son but le plus cher en envoyant bientôt des hommes et des femmes dans l’espace, le regard déjà tourné vers la Lune et plus loin vers la planète Mars.

C’est cette belle histoire des Chinois dans l’espace, de ses prémices à nos jours, avec ses développements actuels et futurs par les laboratoires spatiaux Tiangong, que nous raconte en détails le spécialiste de l’espace qu’est Philippe Coué. Il explique pourquoi et comment cette prouesse technique originale et pleine d’ambitions a été menée à bien. Preuves à l’appui, il présente cette aventure où la conjugaison d’une ferme volonté politique et le travail enthousiaste d’ingénieurs jeunes et passionnés ont permis de réaliser un programme spatial habité original.

Plusieurs décennies après les Russes et les Américains, les Chinois investissaient l’espace par leurs propres moyens par le Projet-921, un programme qu’il serait injuste de présenter comme la copie conforme d’un autre modèle, car malgré des ressemblances avec le vaisseau russe Soyouz, la capsule Shenzhou-5 du lieutenant-colonel Yang Liwei, le 15 octobre 2003, avait une cellule et des composants permettant son lancement, la vie à bord du taïkonaute, le pilotage de la cabine en orbite, et son retour au sol, ainsi que de nombreux systèmes de sécurité entièrement conçus et réalisés en Chine.

Le récit d’une grande précision technique et chronologique s’attache à l’humain. Après avoir présenté les taïkonautes (origine, famille, qualification, sélection, hommes et femmes...), l’auteur décrit l’ambiance si particulière à bord du vaisseau spatial, lors du compte à rebours, du lancement et de la mise en orbite, et pendant l’angoissant retour de la capsule dans un plasma brûlant en très haute atmosphère, jusqu’à l’ouverture des grands parachutes de descente et l’allumage des rétrofusées d’atterrissage. On apprend tout de la vie à bord occupée par un programme d’expériences scientifiques de plus en plus complet, comme de la sortie extravéhiculaire de Zhai Zhigang le 27 septembre 2008 depuis Shenzhou-7.

Le 28 septembre 2011, Tiangong-1, une mini station spatiale de 8,5 tonnes, est mise en orbite. Elle sera visitée deux fois par des équipages de trois taïkonautes à partir du 18 juin 2012, après que rendez-vous et amarrage avec un vaisseau Shenzhou soient validés, le 2 novembre 2011. Cette station orbitale sera suivie par d’autres préparant une grande station habitée permanente, tandis qu’un cargo pour ravitailler est à l’étude, et que se développent les moyens satellitaires de suivi adaptés.

Par ailleurs, la Chine affiche clairement depuis 2011 sa volonté d’aller sur la Lune vers 2020 et d’y installer une base en 2030, grâce au développement d‘un lanceur super lourd CZ-9…

Dans ce livre passionnant et qui met en lumière une activité d’avant-garde longtemps restée secrète, Philippe Coué salue la naissance de la puissance spatiale chinoise. Les nombreuses photos et belles illustrations de l’auteur complètent à merveille des écrits d’une remarquable clarté propres à satisfaire tous les lecteurs.